Le chat qui voulait sauver les livres

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Titre : Le chat qui voulait sauver les livres
Titre Original : 本を守ろうとする猫の話
Auteur : Sôsuke Natsukawa
Genre : Fantastique, Onirique
Editeur :  NiL
Traduction : Mathilde Tamae Bouhon
Année d’édition : 24/03/2022 en France
Nombre de pages : 256 pages

Résumé : Rintarô Natsuki, lycéen flegmatique, est sur le point de fermer la librairie héritée de son grand-père quand il reçoit une visite inattendue. Au milieu des livres, il découvre un gros chat brun tigré, un chat qui parle ! Et ce félin exprime une requête plutôt inhabituelle : il demande – ou plutôt exige – l’aide de l’adolescent pour aller sauver des livres.
Le monde serait en effet peuplé de livres solitaires, non lus et mal aimés que le chat et Rintarô se doivent de libérer de leurs propriétaires négligents.
Le duo atypique se lance alors dans une quête périlleuse au coeur de labyrinthes extraordinaires…

Commentaire : Mon commentaire en un mot : …boarf.
Pour être tout à fait honnête, j’ai clairement été victime du marketing, et même un peu de ma nostalgie de ma vie au Japon. Une couverture magnifique, des thèmes annoncés prometteurs : conte onirique, chats, livres, thé…. En somme, tous les clichés du profil lecteur passionné sont réunis. On nous promet même quelque chose de comparable à Le petit prince – que j’affectionne énormément.
On me fait de belles promesses auxquelles je crois très naïvement, d’autant qu’apparemment le livre s’est très bien vendu au Japon, et je suis prête à me laisser embarquer dans une douce rêverie.
Il ne m’a fallu que quelques pages pour déchanter. Le roman n’est pas si mauvais en soi, juste quand il se présente aussi bien, il a intérêt à en avoir sous le pied pour être à la hauteur de son argumentaire. Or, c’est mou.
Le livre commence par la mort du grand-père du jeune Rintarô avec qui il vivait et sa veillée funèbre. Très vite, on se rend compte que le caractère taciturne et silencieux de l’adolescent donnera un peu le ton du livre : lent et sans réelles explications sur le pourquoi du comment.
Le grand-père de Rintarô tenait une petite bibliothèque de quartier dont il soignait tout particulièrement le choix des oeuvres qu’il souhaitait proposer à son public : des classiques et des livres rares uniquement.
Et très vite, je me rends compte qu’on entre dans un registre qui m’exaspère : l’élitisme très présent dans le monde de la littérature. Dans ce roman, on déplorera qu’aujourd’hui, les gens ne s’intéressent plus aux classiques, ne les lisent plus, ou pire : en lisent des versions abrégées. Aujourd’hui, les lecteurs ne lisent plus que du commercial et du populaire.
Et autant je respecte les classiques – j’en ai moi-même toute une collection – autant résumer la littérature à cela est un peu triste pour les gens qui n’y ont pas accès. Car on dira ce qu’on veut, se taper du Proust c’est pas toujours évident quand on a des soucis de concentration, de vocabulaire ou autre. J’ai la chance d’être assez éclectique et lire de tout mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Chacun ses goûts, non ? Autant qu’il existe des livres pour tout le monde.
Et si l’auteur a très certainement juste voulu rendre hommage aux grands chef-d’oeuvre des siècles passés, je n’ai pu m’empêcher d’y lire un certain mépris pour ceux qui lisaient autre chose.
D’ailleurs ça m’a fait sourire : le roman a beau être japonais, il ne mentionne pas un seul classique japonais… Quid des Notes de chevet de Sei Shonagon ou de Je suis un chat de Natsume Sôseki ?
Non, ici on ne fantasmera que sur les classiques Européens, et rien d’autre.

Passons le registre littéraire porté aux nues et revenons sur le synopsis : Rintarô déprime après la mort de son grand-père et sèche les cours pour rester à rêvasser dans sa librairie. Jusqu’au jour où un chat qui parle débarque de nulle part, lui assène qu’il doit venir lui prêter sa force afin de sauver les livres, et l’emmène par un passage magique au fond de la librairie (qui n’apparait que quand le chat est là). Là, il se retrouve dans le “premier dédale”, soit sa première épreuve à affronter : un homme érudit qui dit aimer les livres, alors qu’en fait il les lit à la pelle pour ensuite les enfermer dans une vitrine, ne jamais les relire et se vanter d’avoir beaucoup lu.
Rintarô devra lui faire comprendre ce que c’est que véritablement aimer les livres, les soigner, les relire, leur redonner vie, afin de les libérer de leur prison de verre.
En tout, Rintarô affrontera quatre dédales, tous dans un registre différent mais avec le même thème : ceux qui croient aimer les livres mais en vérité les maltraitent.
Les choses sont cryptiques, parfois absurdes, on ne sait pas d’où vient le chat, qui il est, si le grand-père avait également passé ces épreuves (si même le chat est le grand-père réincarné ?). J’ai d’abord cru à des rêves que faisaient Rintarô, endormi seul dans sa boutique, qui feraient ce petit voyage initiatique en songes qui l’aideraient à faire son deuil et s’affirmer.
Mais non, même pas. Puisque une camarade de Rintarô finira par voir le chat également et partira à l’aventure avec lui.

Bon, tout n’est pas à jeter. Il y a quelques belles réflexions philosophiques qui m’ont fait réfléchir au détour d’un paragraphe. Dans un des dédales, Rintarô arrive dans une immense maison d’édition qui inonde le marché de livres commerciaux complètement vides juste dans le but de faire de l’argent, et j’avoue qu’évoluant dans le monde de l’édition, ce passage m’a moins laissée indifférente.
En vérité, si on avait eu une réelle symbolique derrière la présence du chat, un peu plus de sens donné à tout ça, je pense qu’on aurait pu avoir une belle lecture.

Malheureusement, au grand désespoir de Rintarô et son beau discours du premier dédale, ce roman risque de finir joliment exposé dans ma bibliothèque et ne jamais être relu…

Extraits :

Si tu te contentes de lire des livres à tour de bras, ta vision du monde en restera limitée. Tu auras beau accumuler le savoir, si tu ne réfléchis pas par toi-même, si tu ne marches pas de tes propres jambes, tout cela ne sera que connaissances vides et empruntées.
(…) C’est bien de lire. Mais une fois la lecture terminée, vient le temps de marcher.

Les livres nous donnent à lire les pensées de milliers de gens. Qui éprouvent de la souffrance, de la tristesse, du bonheur, de la gaité… En découvrant leurs histoires et leurs propos, en ressentant leurs émotions, nous apprenons à connaître le cœur de notre prochain. A travers les livres, nous pouvons comprendre non seulement le cœur des membres de notre entourage, mais aussi des personnes habitant un tout autre monde.

 

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