La couleur des sentiments

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Titre : La couleur des sentiments
Titre Original : The help
Auteur : Kathryn Stockett
Genre : Drame, Littérature américaine
Editeur : Editions Actes Sud
Traduction : Pierre Girard
Année d’édition : 2010 (2011 en France)
Nombre de pages : 528

Résumé : Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui ‘la élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Commentaire : Un énorme coup de cœur. Ce livre est une pépite.
Pourtant quand on me l’a offert, le film n’était pas encore sorti et je n’en avais encore jamais entendu parler. C’était certes un roman très susceptible de m’intéresser vu son sujet et son contexte historique mais comme je ne le connaissais pas, je ne me consumais pas spécialement d’enthousiasme en commençant sa lecture.
Cela ne dura pas longtemps. Au bout du premier chapitre, j’étais déjà captivée, après cinq je brûlais de curiosité, après dix j’avais mal au ventre d’appréhension… et au petit matin je l’avais terminé.
Oui, si on se laisse aller, ce gros pavé de 500 pages se lit d’une seule traite.
Les mots coulent, les phrases sont légères, le tout se lit avec une facilité déconcertante. On pleure, on rit, on s’indigne, on s’émeut… on réfléchit. Il est incroyable de penser que cela se passe il y a à peine quelques décennies, que nos parents auraient pu le vivre s’ils avaient été de l’autre côté de l’Atlantique. À la lecture des aventures de nos héroïnes, on se passionne pour leur histoire, on a peur pour elles, mais que le contexte soit ancré dans une réalité qui a existé offre une grande profondeur au roman qui nous fait nous poser de nombreuses questions sur notre société et l’Amérique actuelle.
Tout a tellement changé et pas tant que ça en même temps.
Les chapitres se succèdent narrant à tour de rôle les points de vue des trois personnages principaux : Aibileen, Skeeter et Minny. Tous les points de vue sont extrêmement bien retranscrits et la personnalité/psychologie de chaque personnage très finement décrite. Choix d’écriture qui donne une autre dimension au roman qui permet de vivre l’histoire en tant que personne de couleur comme blanche. Et le tour de force est qu’on arrive à s’identifier et partager leur façon de penser et leurs émotions dans les deux cas.
Le suspense est savamment dosé chaque chapitre donnant envie d’enchaîner sur le prochain, les personnages sont humains et réalistes, l’amitié des héroines émouvante.
Si je n’avais qu’un bémol à faire, ce serait peut-être concernant le secret de Constantine, l’ancienne bonne de Skeeter, que j’ai trouvée un peu tiré par les cheveux, j’imaginais quelque chose de plus simple et tout aussi choquant pour l’époque.
Mais pour le reste, ce livre est si captivant et intéressant (on apprend beaucoup de choses sur les mentalités de l’époque) que j’ignore cette infime déception pour mettre cinq étoiles à ce roman.
Courrez l’acheter si ce n’est déjà fait !

Extraits :

Je suis revenue à la maison ce matin-là, après qu’on m’a renvoyée, et je suis restée dehors avec mes chaussures de travail toutes neuves. Les chaussures qui avaient coûté autant à ma mère qu’un mois d’électricité. C’est à ce moment, je crois, que j’ai compris ce qu’était la honte, et la couleur qu’elle avait. La honte n’est pas noire, comme la saleté, comme je l’avais toujours cru. La honte a la couleur de l’uniforme blanc tout neuf quand votre mère a passé une nuit à repasser pour gagner de quoi vous l’acheter et que vous le lui rapportez sans une tache, sans une trace de travail.

“Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extra-terrestre. (…) Un jour, un martien plein de sagesse descendit sur la Terre pour nous apprendre une ou deux choses.
– Un martien ? Grand comment ?
– Oh environ deux mètres !
– Comment il s’appelait ?
– Martien Luther King. (…) C’était un très gentil martien ce Luther King, exactement comme nous, avec un nez, une bouche et des cheveux sur la tête, mais les gens le regardaient parfois d’un drôle d’air, et je crois qu’il y en avait qui étaient carrément méchants avec lui.
– Pourquoi Aibi ? Pourquoi ils étaient méchants avec lui ?
– Parce qu’il était vert. »

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