1969

      1 Comment on 1969

 

 



Titre : 1969
Titre Original : Sixty-nine (シクスティナイン)
Auteur : Ryû Murakami
Genre : Roman autobiographique
Editeur : Editions Philippe Picquier
Traduction : Jean-Christian Bouvier
Année d’édition : 1987 (original), 1995 (France, 2004 en poche)
Nombre de pages : 252

Résumé :Ken a 17 ans ; nous sommes au Japon en 1969, cette année là les Beatles sortent Yellow, la jeunesse se révolte contre la guerre du Vietnam… Le jeune garçon a un rêve, celui de faire un festival dans sa ville de province. Il veut y mélanger le théâtre, la musique et la cinéma avec des mises en scène comme il en voit dans les magazines sur les manifestations américaines. Mais lorsque que l’on a 17 ans, pas un sous, un désir de mélanger musique rock, films occidentaux dont on ne connait que les noms et du théâtre, rien n’est simple. Surtout que Ken souhaite aussi la plus jolie fille de Sasebo, en nuisette transparente, pour présenter l’ouverture de son festival.

Commentaire : Durant mon parcours universitaire de japonisante, j’ai été ammenée à lire de nombreux auteurs japonais et Murakami Ryû en fait partie. J’ai lu une majeure partie de son oeuvre et si je n’adhère pas à tout, celui-ci est sans conteste l’un de mes préférés. Les fans de l’auteur seront pourtant peut-être un peu déroutés dans la mesure où ce livre est complètement en marge de ses autres oeuvres, le style et l’histoire sont complètement différents de son univers habituel. Récit autobiographique et légèrement romancé de l’adolescence de l’auteur, ses péripéties nous sont racontées avec beaucoup d’humour, d’autodérision et de fraîcheur. Pour ma part, c’est un des seuls livres qui aient réussi l’exploit de me faire rire aux larmes et c’est d’autant plus remarquable quand on sait que l’humour est très peu présent dans la littérature japonaise, du moins la littérature que l’on connait traduite en français. Le décor est extrêmement bien planté, même si c’est une époque qu’on n’a pas forcément connue, on retrouve ce Japon de la fin des années 60 et ses bons groupes de rock et on se surprend à ressentir une certaine nostalgie de ces jeunes années qui ne sont pourtant pas les nôtres. Le personnage qu’il campe est absolument irrésistible : individualiste, égocentrique et prêt à tout pour son profit personnel, sa perfidie est exquise du début à la fin. Ken va tout faire pour manipuler les gens et obtenir ce qu’il veut (les filles, la gloire…) et les moyens qu’il utilise sont à mourir de rire. Murakami Ryu nous démontre par cet excellent ouvrage qu’il n’est pas qu’un pessimiste, mais qu’il est aussi doué d’une immense autodérision. Il décrit cette période comme les meilleures années de sa vie et arrive parfaitement à nous le faire ressentir à travers ses anecdotes. Ce livre est une bouffée d’air frais, qui se lit facilement, rapidement et vous laisse le coeur léger. À lire, sans hésiter.

Extraits :

Moi, je buvais un jus de tomate, naturellement. Le jus de tomate était la boisson des lycéens dans le vent. J’étais smart et très mode. Disons aussi qu’à l’époque, c’était une boisson nouvelle que beaucoup de gens ne voulaient pas boire, soit parce que ça avait le goût de tomate, soit parce que ce n’était pas assez sucré, soit parce que la couleur rouge les écoeurait, ou que sais-je encore… En ce qui me concerne, je me forçais à en boire dans le seul but de me distinguer.

A l’époque, je m’exerçais à me perfectionner dans l’art de rouler les gens dans la farine. J’avais remarqué que quand quelqu’un de très sûr de lui cherchait à me pousser dans mes derniers retranchements, il me suffisait de l’amener sur un terrain qu’il ne connaissait pas pour reprendre l’avantage. Si l’on me parlait de littérature, j’enchaînais sur le Velvet Underground. Face à un passionné de rock, Messiaen était imparable, Roy Lichtenstein me permettait de contrer n’importe quel mélomane classique et Jean Genet clouait le bec à un spécialiste du pop’art. Avec mon système et un peu d’expérience, il était impossible de sortir vaincu d’une discussion intellectuelle en province.

Les jolies filles ont le pouvoir de faire cesser les rires ; à l’inverse des laiderons qui sont une source inépuisable de rigolades.

One thought on “1969

  1. Mila

    Avec « Les bébés de la consigne automatique » ce livre est mon favori de Murakami Ryu. Comme tu le dis, le style est très différent de ce que fait l’auteur d’habitude mais cela prouve simplement qu’il est capable d’écrire sur autre chose que la mort, la misère et la souffrance -heureusement..-. Je n’ai pas grand chose à ajouter à ton commentaire… …. sinon que: UN ARTICLE!!!!!!! YAY! … voilà^^

    Reply

Leave a Reply

Your email address will not be published.